jeudi 11 avril 2013

"Platero et moi" Juan Ramón Jiménez


« Platero est petit, doux, velu, si moelleux d’aspect qu’on le dirait tout en coton, sans ossature. Seuls les miroirs de jais de ses yeux sont durs comme deux escarboucles de cristal noir.

Si je le laisse en liberté, il se dirige vers le pré et il caresse de son mufle tiède, les effleurant à peine, les petites fleurs roses, jaunes ou azurées. Si je l’appelle doucement : « Platero », il s’avance vers moi d’un petit trot joyeux qui semble rire, comme je ne sais quel grelot idéal…Il mange tout ce que je lui donne. Il raffole des mandarines, du muscat d’ambre, des figues violâtres, avec leur minuscule goutte de miel cristallin…Il est tendre et caressant comme un enfant, comme une petite fille, mais il est dur et sec, intérieurement, comme une pierre. Lorsque nous traversons, le dimanche, les dernières ruelles du village, les campagnards, lents et coquets, s’arrêtent pour le regarder :

–– On dirait de l’acier…

–– De l’acier, mais oui. De l’acier mêlé d’un argent de lune. »

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